Cedric Leprince Ringuet. Fondateur d’ITITOCA

Le Care fait une apparition massive en ce temps de crise sanitaire.

« Prenez soin de vous » et « prenez soin des autres » reviennent en boucle dans nos échanges, dans nos journaux télévisés comme dans nos signatures de mails.

Cela fait un moment que la notion du Care existe et qu’elle nous interpelle mais jusqu’ici elle était restée relativement confidentielle.

La raison ? Nous étions confrontés à une menace environnementale latente mais encore peu visible. Et malgré toutes les alertes concrètes depuis 40 ans nous restions assez passifs dans notre réaction. Conscients du danger mais collectivement engagés dans une forme de fuite en avant appuyée par le rythme délirant de nos vies.

Et puis est arrivé ce moment hors du commun où Dame Nature a réalisé l’incroyable prouesse de mettre à l’arrêt ce monde parti dans une course aussi débridée qu’irresponsable.

Le danger a pris une forme concrète à travers ce virus. Il frappe à nos portes et tue les plus vulnérables d’entre nous. Il est partout et nous contraint de mettre notre vie sur pause.

Notre monde s’arrête pour sauver des vies, pour sauver la Vie. 

Et là chacun d’entre nous prend la liberté d’agir, d’aider, de protéger, d’écouter, de soutenir, de partager. La bienveillance, la solidarité, la sollicitude, le respect sont enfin libérées au sein de nos familles, de nos quartiers, de nos entreprises, de nos collectifs et bien sûr de nos hôpitaux.

Le premier enseignement de cette crise est peut-être que face au danger réel et visible nous libérons nos valeurs fondamentales au service de la vie.

Ce virus met en lumière tous les gens qui prennent soin des autres : les soignants et leur incroyable engagement pour nous sauver, les hôtesses de caisse et magasiniers qui nous permettent d’acheter notre nourriture, les routiers qui approvisionnent, les éboueurs qui gèrent nos déchets…tous ces gens si précieux et si peu considérés dans la société de consommation qui est la nôtre.

Le confinement fait émerger des moments de gratitude incroyables avec les applaudissements chaque soir pour nos soignants.

Les actions solidaires se multiplient dans les entreprises à travers des actions citoyennes et riches de sens : Lemahieu et 30 autres fabricants textiles français qui adaptent leurs outils de production, apprennent à créer des masques et qui en quelques jours livrent des milliers de masques made in France à nos soignants et aux professionnels qui restent en activité.

La fondation Boulanger qui offre 10 000 tablettes aux hôpitaux de France pour maintenir le lien entre les patients lourdement hospitalisés et leurs proches et ainsi réhumaniser des moments anxiogènes et grave grâce à la technologie.

Les très grandes entreprises françaises qui décident de ne pas utiliser le chômage partiel pour leurs collaborateurs afin de préserver un peu les finances publiques.

La société Dyson qui délaisse ses aspirateurs pour développer un respirateur artificiel pour les malades du covid.

Ou encore Décathlon qui offre ses masques « easy Breath » pour protéger les soignants.
Et toutes les initiatives locales tellement nombreuses et tellement belles pour prendre soin de la vie dans nos quartiers.

Un grand mouvement de sollicitude se met en marche dans nos immeubles. L’attention à l’autre grandit. On se redécouvre, on apprend à se saluer, à s’entraider. On fait enfin attention aux plus fragiles d’entre nous.
On prend le temps d’appeler nos parents, nos grands-parents tous les jours pour maintenir le lien, pour prendre des nouvelles, pour rassurer, pour rêver aussi de la fin du confinement.

C’est la ténacité de nombreuses associations d’aide aux plus démunis qui travaillent sans relâche comme les restos du cœur.

C’est aussi la sollicitude du chef d’entreprise qui prend des nouvelles chaque semaine de chacun de ses collaborateurs.

C’est encore l’engagement de notre gouvernement et des collectivités territoriales à nos côtés pour protéger l’emploi et éviter une crise économique sans précédent. Des politiques qui retrouvent un sens profond à leur action en remettant le bien commun au cœur.

Et conséquence de cet incroyable moment de pause nous prenons soin de l’environnement comme jamais ! La nature reprend ses droits partout dans le monde.

Le care est une véritable philosophie de vie. A la fois un concept et un élan. 

C’est une éthique en action.
Prendre soin de soi, des autres et de l’environnement a du sens et nécessite d’agir !

Marre des belles paroles, place aux actes.
Nous en étions certainement conscients mais bien en peine de passer à l’acte concrètement enfermés dans nos conforts domestiques et dans nos schémas mentaux économiques.


Activer pleinement l’amour et la liberté pour sauver des vies, pour sauver la Vie.

Car, oui, le Care a du sens, il est mué par une intention, celle de prendre soin de la vie : 

Au niveau le plus général, nous suggérons que le care soit considéré comme une activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre “monde”, en sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible. Ce monde comprend nos corps, nous-mêmes et notre environnement, tous éléments que nous cherchons à relier en un réseau complexe, en soutien à la vie (définition du CARE de Bérénice Fischer en 1970)


Voici 18 mois, en créant ititoca, (contraction de it’s Time to care !) nous avons suscité 3 réactions qui nous revenaient en boucle :
C’est courageux, c’est quoi votre business model ?
C’est dans l’air du temps !…
N’êtes-vous pas un peu en avance par rapport à la société ?


Alors, le care a t’il un business model ? 

Nous ne pouvons pas encore pleinement l’affirmer mais nous en étions proches avant cette crise…..

Une chose est sûre : le Care a une utilité, une utilité publique celle d’améliorer et de pérenniser notre vie sur terre.
Et l’histoire nous dit que les choses utiles ont de l’impact et génèrent de la valeur. On croise les doigts.

Le care est-il dans l’air du temps ? 

C’est beaucoup plus que cela. Le Care est un courant de fond qui va accompagner nos vies professionnelles et personnelles de manière durable dans les prochaines décennies. 

Prendre enfin conscience de notre formidable potentiel d’énergie care et de la liberté qui est la nôtre de l’activer et de le développer dans nos cercles familiaux et amicaux, comme dans nos entreprises.

N’est-ce pas un peu tôt par rapport à notre société ? 

C’est maintenant que ça se passe et que nous devons, enfin, revoir notre rapport à soi, aux autres et à l’environnement. Notre rapport à la vie tout simplement pour construire un monde plus juste, plus respectueux et plus durable. Nos enfants le valent bien et ils porteront ce changement.

Et une dernière question très concrète nous brûle les lèvres en ce moment :

Et demain on fait quoi ?

C’est une question au combien difficile qui n’a certainement pas une seule réponse.

Dans nos vies de famille tout d’abord, il est évident que ce temps de pause forcée nous a permis de nous (re)découvrir les uns les autres. 

Notre rapport au temps a changé, notre envie de liberté et de nature s’est renforcée, notre besoin de consommer a dégringolé.

Nous mangeons mieux, lisons plus, partageons plus. Nous sommes à nouveau des êtres solidaires et respectueux.

Il n’est pas sûr que nous ayons envie de repartir dans nos vies de fous dès le confinement terminé…..

Notre conscience a évolué et nous allons avoir besoin d’un alignement fort entre nos valeurs profondes et notre vie quotidienne.

Notre vie quotidienne qui est évidemment très marquée par le travail.

Et en parlant de travail, laissez nous vous partager 3 convictions :

1/ Il est impensable d’imaginer que femmes et les hommes qui ont été confinés durant de longues semaines vont revenir dans nos entreprises la fleur au fusil comme si rien n’avait changé.

Il va être nécessaire de se poser ensemble pour mieux repartir.

Qu’a-t-on vécu ? Qu’a-t-on compris durant cette crise ?

Nous avons sans doute collectivement et individuellement compris beaucoup de choses…

Compris que ce monde de fou s’était arrêté pour sauver la Vie. 

Compris l’importance d’un bon système de santé et de protection sociale.

Compris que réduire considérablement notre consommation était possible.

Compris que produire localement était salutaire.

Compris qu’il est temps d’arrêter de se comporter en prédateur vis-à-vis de notre planète car nous faisons partie intégrante de la nature.

Compris que le changement global serait sans doute issu de la somme de nos changements individuels.

…..

Et bien sûr qu’avons-nous appris de cette crise….

Nous avons tous vécu cette crise de façon singulière mais certains apprentissages reviennent plus souvent. Et nous avons….

Appris qu’il est bon de ralentir, de se reconnecter à soi et à ses proches.

Appris que nous sommes dotés d’une incroyable énergie CARE que nous pouvons libérer pleinement : notre potentiel d’humanité, de tolérance, de bienveillance et de solidarité.

Appris combien la liberté est précieuse.

Appris que la nature nous manque et que nos villes doivent intégrer plus de bio-diversité.

Appris qu’il nous est devenu nécessaire de vivre notre travail en adéquation avec nos valeurs profondes.

Appris que nous avons un réel intérêt à produire et à consommer local

Appris que nous devons baisser notre prédation sur les éco-systèmes.

Appris que nous pouvons les régénérer : planter des arbres en grande quantité, favoriser la bio-diversité, l’agro-écologie, développer des fermes permacoles comme le bec Eloin, véritable réserve de bio-diversité.

Appris qu’être solidaire renforce l’estime de soi.

Appris que la vie est fragile et mérite d’être préservée.

Appris que les enseignants ont un métier bien difficile.

Appris que les réunions pouvaient être courtes et efficaces.

Appris que perdre une à deux heures chaque jours dans des bouchons était inhumain et inefficace.

Appris que les déplacements n’étaient pas tous utiles et que la plus belle des mobilité douce était sans doute l’immobilité.

……

2/ Il va être nécessaire de nous projeter ensemble vers un nouvel idéal.

Quel récit veut-on écrire ensemble pour notre entreprise qui corresponde à notre vision du monde de demain ? Comment continuer à être performants en étant contextualisés aux enjeux du monde ?

Il s’agit là d’un véritable enjeu de « transformation » culturelle. 

Qui sommes-nous collectivement ? Quelles sont nos habitudes, quels sont nos atouts, nos singularités, nos vulnérabilités ? Quels sont nos moteurs ? 

Comment pouvons-nous ajuster notre culture pour intégrer le Care dans nos vies professionnelles ?

Nous aimerions chez ititoca que les réponses à cette question soient empreintes d’une intention profonde : préserver la vie.

Préserver la vie nécessite de l’équilibre et de l’ajustement.

Continuer à vivre, à entreprendre, à innover avec l’intention sincère d’être au service de l’homme et de son éco-système.

Préserver la vie va nécessiter de la résilience pour affronter d’une part les changements liés à l’état de la planète et au réchauffement climatiques et d’autre part les changements provoqués par la construction de ce nouvel idéal.

Préserver la vie va nécessiter de faire confiance à notre éveil de conscience !

De ne rien lâcher dans notre volonté de développer un monde plus care dans nos vies et dans nos entreprises.

3/ Créer un contexte propice au changement et à une mise en route concrète et rapide. 

Décider de revoir nos habitudes, de remettre en cause nos indicateurs de succès, de casser nos schémas mentaux….pour challenger l’ensemble de notre organisation au regard du Care.

Comment le Care prend une forme concrète dans l’entreprise ? 

Par exemple arrêter de demander à tout le monde de venir travailler à 9h pour éviter de provoquer les immenses bouchons qui nous stressent, nous fatiguent et détruisent notre planète.

Ou encore intégrer la solidarité et la bienveillance dans nos outils d’évaluation.

Et ainsi créer un environnement affectif sécuritaire dans l’entreprise qui est l’élément le plus facilitant pour opérer des changements.

Si nous parlons finances : revoir l’impact de nos investissements et les réorienter vers des actions à impact positif. Inventer de nouveaux challenges, de nouveaux KPI qui aient du sens et un impact positif pour les humains et la planète.

Remettre en cause nos stratégies marketing et créer de la valeur pour nos clients.

Faire évoluer nos stratégies d’achats pour limiter le gaspillage et respecter nos fournisseurs.

Et tant d’autres décisions responsables et justes qui nous permettront d’intégrer pleinement le Care dans nos entreprises.

Avec un triple enjeu :

  • Maintenir et développer une marque employeur forte.
  • Prendre une place durable dans le cœur de nos clients.
  • Permettre à nos équipes de vivre leur travail en pleine adéquation avec leurs valeurs profondes.

Avec nous l’espérons deux conséquences majeures : la pérennité économique et la contribution à la pérennité de notre humanité.

Note de l’auteur : Bravo ! vous êtes arrivés au bout de ce témoignage sur le Care.

Que ressentez-vous à la fin de cette lecture ? Que vous disent votre corps, votre cœur, votre tête ?

Si vous avez été touché, si vous vous êtes pris à rêver, si vous sentez que c’est le moment pour vous de faire bouger les choses, dites-le nous.

Vive la Care résolution !

La team ititoca

La crise… et après ?
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